La Bouteille à la Mer di Vigny
Traduzione per favore in ita di questi versi e magari anche commento di questa poesia!! Va bene sia in Francese che italiano! Grazieeeeeee!
Quand un grave Marin voit que le vent l’emporte
Et que les mâts brisés pendent tous sur le pont,
Que dans son grand duel la mer est la plus forte
Et que par des calculs l’esprit en vain répond ;
Que le courant l’écrase et le roule en sa course,
Qu’il est sans gouvernail et partant, sans ressource,
Il se croise les bras dans un calme profond.
III
Il voit les masses d’eau, les toise et les mesure,
Les méprise en sachant qu’il en est écrasé,
Soumet son âme au poids de la matière impure
Et se sent mort ainsi que son vaisseau rasé.
— À de certains moments, l’âme est sans résistance ;
Mais le penseur s’isole et n’attend d’assistance
Que de la forte foi dont il est embrasé.
IV
Dans les heures du soir, le jeune Capitaine
A fait ce qu’il a pu pour le salut des siens.
Nul vaisseau n’apparaît sur la vague lointaine,
La nuit tombe, et le brick court aux rocs indiens.
— Il se résigne, il prie, il se recueille, il pense
À Celui qui soutient les pôles et balance
L’équateur hérissé des longs méridiens.
V
Son sacrifice est fait ; mais il faut que la terre
Recueille du travail le pieux monument.
C’est le journal savant, le calcul solitaire,
Plus rare que la perle et que le diamant ;
C’est la carte des flots faite dans la tempête,
La carte de l’écueil qui va briser sa tête :
Aux voyageurs futurs sublime testament.
VI
Il écrit : « Aujourd’hui, le courant nous entraîne,
Désemparés, perdus, sur la Terre-de-Feu.
Le courant porte à l’est. Notre mort est certaine :
Il faut cingler au nord pour bien passer ce lieu.
— Ci-joint est mon journal, portant quelques études
Des constellations des hautes latitudes.
Qu’il aborde, si c’est la volonté de Dieu ! »
VII
Puis immobile et froid, comme le cap des Brumes
Qui sert de sentinelle au détroit Magellan,
Sombre comme ces rocs au front chargé d’écumes,[1]
Ces pics noirs dont chacun porte un deuil castillan,
Il ouvre une bouteille et la choisit très forte,
Tandis que son vaisseau que le courant emporte
Tourne en un cercle étroit comme un vol de milan.
XIV
Le Capitaine encor jette un regard au pôle
Dont il vient d’explorer les détroits inconnus.
L’eau monte à ses genoux et frappe son épaule ;
Il peut lever au ciel l’un de ses deux bras nus.
Son navire est coulé, sa vie est révolue :
Il lance la Bouteille à la mer, et salue
Les jours de l’avenir qui pour lui sont venus.
XV
Il sourit en songeant que ce fragile verre
Portera sa pensée et son nom jusqu’au port ;
Que d’une île inconnue il agrandit la terre ;
Qu’il marque un nouvel astre et le confie au sort ;
Que Dieu peut bien permettre à des eaux insensées
De perdre des vaisseaux, mais non pas des pensées,
Et qu’avec un flacon il a vaincu la mort.
XVI
Tout est dit. À présent, que Dieu lui soit en aide !
Sur le brick englouti l’onde a pris son niveau.
Au large flot de l’est le flot de l’ouest succède,
Et la Bouteille y roule en son vaste berceau.
Seule dans l’Océan, la frêle passagère
N’a pas pour se guider une brise légère ;
— Mais elle vient de l’arche et porte le rameau.
XVII
Les courants l’emportaient, les glaçons la retiennent
Et la couvrent des plis d’un épais manteau blanc.
Les noirs chevaux de mer la heurtent, puis reviennent
La flairer avec crainte, et passent en soufflant.
Elle attend que l’été, changeant ses destinées,
Vienne ouvrir le rempart des glaces obstinées,
Et vers la ligne ardente elle monte en roulant.
XXVI
Le vrai Dieu, le Dieu fort, est le Dieu des idées !
Sur nos fronts où le germe est jeté par le sort,
Répandons le Savoir en fécondes ondées ;
Puis, recueillant le fruit tel que de l’âme il sort,
Tout empreint du parfum des saintes solitudes,
Jetons l’œuvre à la mer, la mer des multitudes :
— Dieu la prendra du doigt pour la conduire au port.
Quand un grave Marin voit que le vent l’emporte
Et que les mâts brisés pendent tous sur le pont,
Que dans son grand duel la mer est la plus forte
Et que par des calculs l’esprit en vain répond ;
Que le courant l’écrase et le roule en sa course,
Qu’il est sans gouvernail et partant, sans ressource,
Il se croise les bras dans un calme profond.
III
Il voit les masses d’eau, les toise et les mesure,
Les méprise en sachant qu’il en est écrasé,
Soumet son âme au poids de la matière impure
Et se sent mort ainsi que son vaisseau rasé.
— À de certains moments, l’âme est sans résistance ;
Mais le penseur s’isole et n’attend d’assistance
Que de la forte foi dont il est embrasé.
IV
Dans les heures du soir, le jeune Capitaine
A fait ce qu’il a pu pour le salut des siens.
Nul vaisseau n’apparaît sur la vague lointaine,
La nuit tombe, et le brick court aux rocs indiens.
— Il se résigne, il prie, il se recueille, il pense
À Celui qui soutient les pôles et balance
L’équateur hérissé des longs méridiens.
V
Son sacrifice est fait ; mais il faut que la terre
Recueille du travail le pieux monument.
C’est le journal savant, le calcul solitaire,
Plus rare que la perle et que le diamant ;
C’est la carte des flots faite dans la tempête,
La carte de l’écueil qui va briser sa tête :
Aux voyageurs futurs sublime testament.
VI
Il écrit : « Aujourd’hui, le courant nous entraîne,
Désemparés, perdus, sur la Terre-de-Feu.
Le courant porte à l’est. Notre mort est certaine :
Il faut cingler au nord pour bien passer ce lieu.
— Ci-joint est mon journal, portant quelques études
Des constellations des hautes latitudes.
Qu’il aborde, si c’est la volonté de Dieu ! »
VII
Puis immobile et froid, comme le cap des Brumes
Qui sert de sentinelle au détroit Magellan,
Sombre comme ces rocs au front chargé d’écumes,[1]
Ces pics noirs dont chacun porte un deuil castillan,
Il ouvre une bouteille et la choisit très forte,
Tandis que son vaisseau que le courant emporte
Tourne en un cercle étroit comme un vol de milan.
XIV
Le Capitaine encor jette un regard au pôle
Dont il vient d’explorer les détroits inconnus.
L’eau monte à ses genoux et frappe son épaule ;
Il peut lever au ciel l’un de ses deux bras nus.
Son navire est coulé, sa vie est révolue :
Il lance la Bouteille à la mer, et salue
Les jours de l’avenir qui pour lui sont venus.
XV
Il sourit en songeant que ce fragile verre
Portera sa pensée et son nom jusqu’au port ;
Que d’une île inconnue il agrandit la terre ;
Qu’il marque un nouvel astre et le confie au sort ;
Que Dieu peut bien permettre à des eaux insensées
De perdre des vaisseaux, mais non pas des pensées,
Et qu’avec un flacon il a vaincu la mort.
XVI
Tout est dit. À présent, que Dieu lui soit en aide !
Sur le brick englouti l’onde a pris son niveau.
Au large flot de l’est le flot de l’ouest succède,
Et la Bouteille y roule en son vaste berceau.
Seule dans l’Océan, la frêle passagère
N’a pas pour se guider une brise légère ;
— Mais elle vient de l’arche et porte le rameau.
XVII
Les courants l’emportaient, les glaçons la retiennent
Et la couvrent des plis d’un épais manteau blanc.
Les noirs chevaux de mer la heurtent, puis reviennent
La flairer avec crainte, et passent en soufflant.
Elle attend que l’été, changeant ses destinées,
Vienne ouvrir le rempart des glaces obstinées,
Et vers la ligne ardente elle monte en roulant.
XXVI
Le vrai Dieu, le Dieu fort, est le Dieu des idées !
Sur nos fronts où le germe est jeté par le sort,
Répandons le Savoir en fécondes ondées ;
Puis, recueillant le fruit tel que de l’âme il sort,
Tout empreint du parfum des saintes solitudes,
Jetons l’œuvre à la mer, la mer des multitudes :
— Dieu la prendra du doigt pour la conduire au port.