Francese

luis90_liga
ei... chi mi da una mano??? devo fare l'ultima interrogazione di francese e mi serve un aiutini... vorrei un commento in francese della poesia "Heureux qui, comme Ulysse..." di Joachim Du Bellay



vi prego.. è urgente... aiutate un povero ragazo disperato..che rischia di avere il debito in francese.... vi PREGO :dozingoff

Risposte
SuperGaara
:lol:lol Prendi quel che ti serve...io ho postato tutto ;)

luis90_liga
hemmm grazie... non immaginavo fosse così lungo.. cmq grazie ..

SuperGaara
Et voilà...:lol

Du Bellay, sonnet XXXI :
"Heureux qui comme Ulysse..."


Pour mener une lecture méthodique de ce sonnet en alexandrins (comme le sont tous les sonnets du recueil) l'on peut adopter les axes de lecture suivants :
_ Lyrisme et expression de la nostalgie
_ La "préférence nationale"
_ Un sonnet éminemment humaniste

Lyrisme et expression de la nostalgie
Si le lyrisme se caractérise par l'expression de sentiments personnels, il n'est pleinement manifeste qu'à partir du second quatrain. Les occurrences du pronom de la première personne, "je", du déterminant "mon, ma" (qui indique ici une relation plutôt que la possession), l'interjection "hélas", en incise sous l'accent d'hémistiche du vers 5, voilà autant de moyens langagiers qui concourent à transcrire l'expression personnelle du sentiment. La modalité interrogative et la répétition de la même question : "reverrai-je", à l'initiale des vers 5 et 7, traduit un sentiment de nostalgie d'autant plus fort (et discret en son expression), que la première question : "Quand reverrai-je", est une interrogation partielle, alors que la seconde : "Reverrai-je" est une interrogation totale. La question ne porte plus sur la date mais sur le fait. Les adjectifs épithètes antéposés, "petit (village)" et "pauvre (maison)" ont de ce fait une valeur affective. L'expression du sentiment semble même déséquilibrer le vers : l'on constate en effet deux enjambements :

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Ajoutons enfin le lexique, qui associe "pauvre maison" et "petit village" à "une province" (c'est-à-dire un domaine qui peut être un royaume) par la tournure définitive et de subjectivité affirmée : "qui m'est". Le double adverbe "beaucoup davantage" clôt le quatrain avec une lourdeur qui révèle l'insistance, voire le poids de la nostalgie. Poids que confirme l'emploi du présent, opposé aux deux futurs : présent d'énonciation ou "présent étendu", il marque ici une certitude : celle du sentiment.
Enfin, la cheminée qui fume et le clos (jardin muré) évoquent une intimité modeste mais chaleureuse : le séjour auprès du feu et celui sous quelques arbres familiers : le passage des saisons, leur retour...

Le lyrisme prend une tournure différente dans les deux tercets, où l'on retrouve l'emploi de la première personne du singulier, l'expression de la subjectivité personnelles avec le verbe "plaire" et l'adjectif "petit", ... Ces deux tercets seront toutefois examinés dans le développement suivant.

La "préférence nationale"
Les deux tercets forment en fait un sizain, strophe de six vers, ce que confirme la syntaxe (une seule phrase pour les six vers). L'expression de la préférence tient d'abord à l'emploi du comparatif de supériorité, en deux vers d'abord, en deux hémistiches pour la suite (avec une inversion entre comparant et comparé au vers 14, qui constitue ainsi une "pointe").
La syntaxe est modifiée de façon à ce que l'adverbe comparatif se trouve antéposé. Il en résulte deux "effets" : l'anaphore de "plus", lequel prend de l'autonomie et acquiert de ce fait un plus grand "impact". La subjectivité qu'il transcrit n'est plus nostalgique uniquement, mais presque rageuse du fait de l'anaphore. Le second effet est le rapprochement du comparé et du comparant ce qui renforce leur contraste. Notons que le comparé réfère au pays natal de Du Bellay (dont il n'a que le souvenir) et le comparant à Rome (où il se trouve).

La syntaxe se fait également elliptique : la première comparaison "occupe" deux vers :

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
La comparaison suivante ne nécessite qu'un vers, mais la proposition comporte un verbe encore :
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine
Dans le second tercet (ou le second "mouvement" du sizain), l'ellipse affecte le verbe, et chaque vers comporte une comparaison :
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
Les comparaisons sont en elles-mêmes "inégales" et fortement subjectives.
Ainsi la première oppose-t-elle" le séjour qu'ont bâti mes aïeux" au "front audaci-eux (des palais romains)". Le terme de "séjour" ne réfère pas à un lieu désigné comme tel, mais selon son usage : un lieu où l'on séjourne, où l'on vit. Il s'oppose au "front", c'est-à-dire au fronton ou plutôt à la façade des palais romains. Que la façade seule soit évoquée laisse entendre, au choix, que les palais ne sont qu'apparence (on ne peut y vivre), ou qu'ils sont inaccessibles au commun des mortels. La diérèse qui affecte l'adjectif "audaci-eux" (orgueilleux), rend cet adjectif plus ample, voire pompeux, ce qui le fait contraster davantage avec "mes aïeux", auquel l'associe la rime : le faste impersonnel de la pompe s'oppose ainsi à la mention de ceux qui ont donné un nom, qui ont constitué l'histoire d'une famille, ceux dont notre corps même porte la trace.

La deuxième comparaison parvient à un effet lexical intéressant. Certes elle oppose "le marbre dur" à "l'ardoise fine" : le marbre est un matériau prestigieux, résistant, et le marbre blanc était recherché dans l'Antiquité romaine pour les temples et monuments publics, au point qu'on l'importait si nécessaire. Ces caractéristiques l'opposent parfaitement à l'ardoise (un schiste), matériau que l'on extrayait localement, pour des toitures ou des dallages (usages communs et "domestiques"), roche sombre (gris foncé) qui s'effeuille et ne résiste pas au poids d'une charge. Toutefois l'adjectif "fine", rimant avec "douceur angevine" est mis en valeur par cette position. L'allitération en /r/ de" marbre dur" confère à ce dernier adjectif, placé à l'accent d'hémistiche une valeur péjorative : il ne s'agit pas de la résistance du matériau ... mais, en contraste avec "fine", de la dureté d'une roche ! Le tercet constitue aussi, par échos dus à la répétition de la structure comparative, un micro système lexical opposant [front audacieux des palais romains - marbre dur] et [séjour ... mes aïeux - ardoise fine]. Que l'on se rappelle l'évocation du village, de la cheminée et du clos : Du Bellay oppose un lieu modeste où l'homme a sa place à un lieu prestigieux mais où l'on ne saurait vivre.

Les comparaisons du second tercet poursuivent ce jeu d'oppositions, mais lui confèrent la dimension "nationale". Sont associés en effet le Tybre latin et le mont Palatin, deux lieux de grande notoriété : le fleuve qui traverse la Rome antique et la capitale de l'Occident chrétien, l'une des sept collines de Rome. L'on notera cependant le clin d'oeil qui fait rimer "latin" et "Palatin" (pas latin). Du Bellay leur oppose "son" Loyre gaulois, de peu de notoriété : l'orthographe de ce nom n'est pas encore fixée, et l'adjectif "gaulois" évoque de barbares ancêtres, vaincus par Rome. Il oppose aussi "son" petit Liré, d'une notoriété moindre encore - même de nos jours.

Le jeu des déterminants donne le sens de cette opposition : à l'article défini "de notoriété" s'oppose l'adjectif possessif qui a ici une valeur relationnelle et affective : Du Bellay oppose la notoriété prestigieuse du lieu où naquit l'Histoire occidentale, où se fait l'Histoire de la chrétienté, au lieu de ses racines, au lieu de son histoire.

Un sonnet humaniste
L'on pourrait s'étonner de ce qu'un humaniste féru de culture latine compare négativement Rome à son "village" natal. Mais Du Bellay est aussi l'auteur de la Deffense et illustration de la langue françoyse, ouvrage qui proclame la nécessité de donner à la langue française le prestige de la langue latine.
Les clins d'oeil aux humanistes, lecteurs des lettres grecques et latines, sont très évidents dans le premier quatrain. Au vers 2, l'allusion à Jason : cestuy-là qui conquit la toison, ne peut se comprendre qu'à la condition de connaître la légende de la toison d'or et des Argonautes. L'allusion à l'Odyssée est plus nette aux vers 1 et 4 (concernant le retour à Ithaque), et trouve son écho au vers 14 : "l'air marin" n'est pas celui de Rome, située à l'intérieur des terres, mais plutôt celui de l'Odyssée. Les noms de lieux romains s'adressent aussi aux lecteurs des lettres latines : le mont Palatin n'a plus au XVIe siècle le prestige qu'il avait dans l'Antiquité ; le Tibre a une grande notoriété de même source. La caractérisation du "voyageur", "plein d'usage et raison" (usage équivaut à "sagesse"), est aussi un clin d'oeil : d'une part à ce dicton selon lequel "les voyages forment la jeunesse", d'autre part à quelques héros homériques : Ulysse étant le plus sage ("le rusé Ulysse"), il parvient à déjouer les pièges de Neptune, alors que "le bouillant Achille" meurt à Troie. Enfin, la structure même du vers 1 est un calque d'une ode du poète latin Horace, dont Du Bellay a traduit l'oeuvre : Beatus qui ....

A ces allusions s'ajoute la familiarité : l'Odyssée est réduite à "un beau voyage", et Jason désigné par "cestuy-là", pronom démonstratif plutôt familier. La familiarité est celle de l'humaniste qui fréquente suffisamment les textes antiques pour ne plus avoir à les révérer, mais elle peut avoir une autre valeur.

En effet, ce sonnet participe de la volonté d'illustrer (rendre illustre) la langue française : il respecte l'ensemble des règles fixées par les poètes de La Pléiade. Mais, plus encore, en comparant Rome à sa terre natale, Du Bellay place cette dernière à l'égal de la prestigieuse capitale, et parvient de ce fait à illustrer sa "patrie" (au sens étymologique : terre des ancêtres, des "pères"). Le jeu des comparaisons permet d'opposer une terre historique et prestigieuse, mais froide et impersonnelle - voire doublement étrangère : antique et lointaine -, à un terroir modeste mais vivant, à un "foyer" (cf. la mention de la cheminée) où l'on a ses racines.

L'adaptation de la nostalgie plaintive du poète exilé Horace n'est pas un simple calque. Du Bellay a fait oeuvre originale en donnant à la littérature française son premier sonnet élégiaque en alexandrins, voire son premier poème élégiaque ; en respectant les contraintes d'un poème à forme fixe tout en montrant par l'exemple qu'il permettait l'expression personnelle, lyrique ; en donnant à sa nostalgie l'accent vigoureux d'un hymne à son "pays".

Conclusion
Ce sonnet est éminemment "moderne". Par son sujet, ou "argument" : l'attachement au terroir natal, au point de magnifier ce terroir, est une idée neuve. Non que personne auparavant n'ait témoigné d'un tel attachement, mais personne n'avait osé comparer son terroir à la plus prestigieuse des cités de cette façon. C'est aussi la première fois qu'est affirmée de façon si claire la préférence pour un lieu où l'on puisse vivre avec agrément, comme le suggère" la douceur angevine", pour une vie "privée", entre ses parents, plutôt qu'à la recherche des vanités du monde (gloire, fortune, etc...), sans pour autant prôner la médiocrité ni le renoncement.
Modernité encore que de considérer que la poésie permet d'exprimer personnellement ce que l'on vit, tout en le transcendant par un travail sur la forme qui confère à la nostalgie personnelle une dimension élégiaque de plus grande portée : c'est là le travail d'écriture qui, du sentiment particulier et fugace, tire un objet esthétique par l'effacement du "moi" dans la sublimation du travail (les jeux de symétrie, la métrique, seraient à examiner de ce point de vue).

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