Urgentissima traduzione di franceseeee...domani ho il compito !

gigitiamo
SOUVENIRS D'ENFANCE di Simone de beauvoir




J'admirais qu'on fît surgir dans le monde quelque chose de réel et de neuf. Je ne pouvais m'y essayer qu'en un seul domaine: la littérature. Dessiner pour moi c'était copier et je m'y attachais d'autant moins que j'y réussissais mal; je réagissais à l'ensemble d'un objet sans prêter attention au détail de ma perception; j'échouai toujours à reproduire la plus simple fleur. En revanche, je savais me servir du langage, et puisqu'il exprimait la substance des choses, il les éclarait. J'avais spontanément tendance à raconter tout ce qui m'arrivait; je parlais beaucoup, j'écrivais volontiers. Si je relatais dans une rédaction un épisode de ma vie, il échappait à l'oubli, il intéressait d'autres gens, il était définitivement sauvé. J'aimais aussi inventer des histoires; dans la mesure où elles s'inspiraient de mon expérience, elles la justifiaient; en un sens elles ne servaient à rien, mais elles étaient uniques, irremplaçables, elles existaient, et j'étais fière de les avoir tirées du néant.

J'accordai donc toujours beaucoup de soin à mes "compositions françaises" si bien que j'en recopiais quelques- unes sur le "livre d'or". En juillet la perspective des vacances me permettait de dire au revoir sans regret au cours. Cependant, de retour à Paris, j'attendais fiévreusement la rentrée des classes. Je m'asseyais dans le fauteuil de cuir, à côté de la bibliothèque en poirier noirci, je faisais craquer entre mes mains les livres neufs, je respirais leur odeur, je regardais les images, les cartes, je parcourais une page d'histoire; j'aurais voulu en un seul coup d'oeil animer tous les personnages, tous les paysages, cachés dans l'ombre des feuilles noires et blanches. Autant que leur sourde présence, l'empire que j'avais sur eux me grisait.

En dehors de mes études la lecture restait la grande affaire de ma vie. Maman se fournissait à la bibliothèque Cardinale, place Saint - Sulpice. Une table chargée de revues et de magazines occupait le milieu d'une grande salle d'où rayonnaient des corridors tapissés de livres; les clients avaient le droit de s'y promener. J'éprouvai une des plus grandes joies de mon enfance le jour où ma mère m'annonça qu'elle m'offrait un abonnement personnel-. Je me plantai devant le panneau réservé aux "Ouvrages pour la jeunesse" et où s'alignaient des centaines de volumes. "Tout cela est à moi!" me dis-je éperdue. La réalité dépassait le plus ambitieux de mes rêves, devant moi s'ouvrait le paradis, jusqu'alors inconnu, de l'abondance. Je rapportai à la maison un catalogue; aidée par mes parents, je fis un choix parmi les ouvrages marqués J et je dressai des listes chaque semaine. J'hésitai délicieusement entre de multiples convoitises. En outre ma mère m'emmenait quelquefois dans un petit magasin proche du cours, acheter des romans anglais; je les déchiffrais lentement. Je prenais grand plaisir à soulever, à l'aide d'un dictionnaire, le voile opaque des mots: descriptions et récits retenaient un peu de leur mystère; je leur trouvais plus de charme que si je les avais lus en français.

Risposte
ippo94
Tieni questo traduttore, ti sarà d'aiuto...

http://appliedlanguage.es/free_translation.shtml

devi fermarti ogni 150 parole massimo...
ciao...

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